Randonneurs essayez de lâcher prise, de lâcher la longe… !
Pourquoi marcher en compagnie d’un âne ?
En général, outre l’attrait de l’animal, c’est vouloir gagner en autonomie en s’allégeant d’une quarantaine de Kg, de plus en plus souvent pour faciliter la randonnée aux enfants en leur donnant un nouveau copain dont ils seront parfois responsables, qui pourra parfois les porter mais surtout les motiver.
En fait tous dans le groupe apprendront l’écoute et le respect de l’autre et la recherche du compromis.
Il faut noter aussi une quantité non négligeable de grands et petits cavaliers randonneurs qui partent avec un âne par goût des équins mais aussi parfois par défaut de cheval !
Hors un âne n’est pas semblable à son cousin le cheval et outre leur morphologie et comportement leur relation et leur histoire avec l’ homme est bien différente.. ;
l’ ânier n’est pas cavalier et inversement !
Nous laissons partir des âniers néophytes avec nos bêtes cependant je n’ose plus pour ma part confier mon cheval à quelqu’un n’ayant pas une solide expérience équestre…
L’équitation est un art mais aussi une école, dite classique elle a des origines militaires et continue d’imprégner parfois fortement nos attitudes.
« Au cheval le plus sûr jamais tu ne lâcheras la bride » dit le proverbe…
A contrario marcher auprès de son âne nous ramène à une pratique plus simple, plus naturelle, ancestrale..
Alors comment marcher avec son âne ?
Au départ d’une randonnée l’ânier évoque toujours le caractère de l’âne qu’il vous confie, ses qualités, ses défauts, son tempérament qui doit être compatible avec le projet et le profil des aspirants randonneurs.
Tous les âniers vous le diront, c’est le cœur de notre métier :
il faut faire preuve d’ intuition en choisissant l’individu le mieux adapté ; il y a l’âne famille, l’âne grands parents, l’ âne des cas difficiles, l’âne enduro, le tout terrain, pour la baladette ou les grands treks….
Au de là de la découverte de chaque personnalité il y a la spécificité de l’ animal :
les âniers durant leur présentation usent souvent des mêmes images ou remarques. Leur but : faciliter la compréhension des grandes zoreilles et surtout lutter contre les nombreuses idées reçues :
Tout d’abord le B à BA du comment marcher avec un âne : Un âne se pousse et ne se tire pas ! A savoir également que :
Si un cheval pour certains se dresse pour nous un âne s’éduque.
Par certains aspects, le comportement de l’âne est comparable à celui d’un enfant fûté de 5 /6 ans .
L’âne n’est pas têtu: il vous demande attention et réflexion, refuse la soumission et vous rappelle « qu’on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. »
L’âne aime garder son libre arbitre. Il tente souvent de faire valoir ses choix auprès de son meneur : Choisir entre passer le fameux pont aux ânes ou se mettre les sabots dans l’eau…
Choisir de faire un détour par exemple pour cause de pentes trop raides car il ménage sa peine…
Imposer l’allure et opter pour le raccourci qui mène à l’étape ou à l’écurie.
Ainsi pour arriver à nos fins il faudra parfois procéder par évitement … pour éviter toutes prises de tête …
Cette collaboration se fait toujours dans le respect et la confiance : notre rando doit rester agréable pour chacun dans la libre acceptation des contraintes de l’autre. le problème de l’autorité reste la grande affaire : la carotte (ou) et le bâton ?
Inspirons nous cependant des tendances actuelles à promouvoir l’éthologie, les méthodes douces, naturelles … le coaching du travail en équipe, l’éducation alternative pour nos enfants .
Notre compagnon « pas si bête !» connait la logique du chemin, il a conscience de l’encombrement de sa charge, il s ‘arrête de lui même par esprit d’équipe quand les suiveurs sont à la traine .. ;
Il connait son « job » bien entendu il a ses tentations : prendre la tangente pour se mettre à l’ombre , marquer la pause syndicale les sabots campés dans l’herbe haute.. ;
comment lui en vouloir… ? souplesse,compromis… Vous pouvez lui faire confiance mais pas plus qu’à un enfant qui n’a pas encore l’âge de raison dont il nous faut tolérer et gérer au mieux ses écarts et limites.
Rappelons nous :Un âne se pousse mais ne se tire pas…..
Alors pouvons nous, devons nous … lâcher prise ? Bref lâcher la longe… ? Se détendre … ?
Oui sûrement le plus possible car il est tellement agréable et gratifiant de laisser notre bourricot longe sur le cou cheminer devant nous…..
Comme avec un enfant par précaution on l’encadrera : Certains derrière qui l’ accélère et d’autres devant qui le guident tout en décidant du ralentissement et des haltes.
L’essentiel étant de pousser notre âne de notre présence présente …de notre énergie …
Savoir user des modulations de voix: encouragements ,avertissements ; si vous êtes ailleurs, trop dans la contemplation du paysage ou mentalement au bureau.. votre âne filera sur le
bas côté …et prendra seul l’initiative de l’arrêt pic nic…
Toujours se rappeler de la vision panoramique de l’âne il voit loin et très large derrière…anticiper ses réactions : un petit geste ou déplacement sur le côté suffit pour le remettre dans le droit chemin..
Rester dans sa bulle en gardant un distance raisonnable de contrôle, pas besoin d’être au cul de l’âne ni trop loin car il va soit s’arrêter et attendre, soit encore prendre l’ initiative déplorable de vous fausser compagnie…( Pas d’anxiété ! le risque est somme toute minime de perdre votre âne définitivement car un bon âne de tourisme, un minimum professionnel doit se laisser reprendre assez aisément… l’appât du pain par exemple doit suffire.. !)
En cas d’échecs on reprendra la longe naturellement comme avec un enfant à qui l’on reprend la main parce qu’il n’écoute rien et qu’il met votre autorité à l’épreuve ! mais aussi bien entendu prudence oblige ! pour les passages délicats, traverser la route, pour un changement de direction, un chemin mal tracé, une situation inhabituelle ou perturbante .
Comme l’enfant, l’âne avec qui l’on promène librement peut faire des bêtises c’est le risque calculé de son apprentissage, reprise en main, reprise de longe on se donne toujours la possibilité de redonner de la confiance et donc de la liberté dés que possible.
En fait inspirons nous de l’ imagerie populaire du berger , vacher, gardien d’oies poussant leur troupeau sur le chemin devant eux;
Au delà de nos frontières d’autres images suggestives peuvent nous apparaître : le marchand qui pousse son âne vers le souk, l’âne africain chargé des outres qui revient seul du puits au village.. ; le tibétain qui pousse ses yaks, l’ amérindiens ses lamas…le cowboys ses vaches ….
Conclusion : dés que possible pour votre plus grand bonheur et celui de votre âne essayez de lâcher prise et de détendre la longe, en supportant sans stress les inévitables petits couacs ou bugs éventuels .afin de renouer avec l’ esprit du nomade lié à l’ animal par le fil invisible de leur but communs : de l’herbe, de l’eau, du mieux être…